Du ton qui convient à la Tragédie et à la Comédie. — 99. […] Origine de la Tragédie et de la Comédie. — 295. […] Quelquefois pourtant la comédie même élève le ton : voyez comme la colère inspire à Chrémès des accents pathétiques. […] Ensuite parut la vieille Comédie, et elle compta de brillants succès ; mais la liberté dégénéra en licence : il fallut arrêter le scandale, et une loi intervint, qui, condamnant le Chœur à l’impuissance de nuire, le réduisit à un silence honteux. […] Pour peindre quelqu’un de ces caractères dont on n’a encore qu’une idée générale, communia, et qui n’existent qu’à l’état d’abstraction, on n’a aucun modèle devant soi, point d’auteur qui ait traité le même sujet : on n’a pour guide que la nature. » Exemple : Molière, en prenant l’avare pour sujet d’une de ses comédies, nous a peint un caractère général, communia ; et, par la conduite de sa pièce, par tout ce qu’il fait dire et faire à son Harpagon, personnage nouveau, il a traité ce sujet proprie : il a appliqué à ce personnage nouveau le caractère général d’avare : Harpagon est l’avare personnifié.
. — Lessing, dans sa Dramaturgie, va plus loin qu’Aristote et soutient que la tragédie a le même droit que la comédie sur les sujets d’invention mais l’histoire du théâtre moderne, ainsi que celle du théâtre grec, confirme la judicieuse réserve de notre philosophe. […] Nous eûmes beaucoup de ces ouvrages du temps du cardinal de Richelieu c’était son goût, ainsi que celui des Espagnols il aimait qu’on cherchât d’abord à peindre les mœurs et à arranger une intrigue, et qu’ensuite on donnât des noms aux personnages, comme on en use dans la comédie : c’est ainsi qu’il travaillait lui-même, quand il voulait se délasser du poids du ministère.
Je broche une comédie dans les mœurs du sérail : auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule ; à l’instant un envoyé de je ne sais où se plaint que j’offense dans mes vers la Sublime-Porte, la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et du Maroc ; et voilà ma comédie flambée pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l’omoplate en nous disant : « Chiens de chrétiens !
Plaute et Térence avaient déjà fait connaître la comédie. […] Molière enleva le sceptre de la comédie aux Grecs et aux Latins, et le laissa entre les mains de Regnard.
Enfin, après avoir bu et mangé tout son saoûl5, il voulut finir la comédie. « Seigneur Gil Blas, me dit-il en se levant de table, je suis trop content de la bonne chère que vous m’avez faite pour vous quittez sans vous donner un avis important, dont vous me paraissez avoir besoin. […] Depuis que js t’ai quitté, j’ai toujours fait le métier d’auteur, j’ai composé des romans, des comédies, toutes sortes d’ouvrages d’esprit.
Aimer La Fontaine, c’est presque la même chose qu’aimer Molière ; c’est aimer la nature, toute la nature, la peinture naïve de l’humanité, une représentation de la grande comédie aux cent actes divers1, se déroulant, se découpant à nos yeux en mille petites scènes, avec des grâces et des nonchalances qui vont si bien au bonhomme, avec des faiblesses aussi et des laisser-aller2 qui ne se rencontrent jamais dans le simple et mâle génie, le maître des maîtres. […] Quelle comédie jouent donc tous ces gens, qui la plupart furent illustres, et passèrent pour raisonnables ?
Voici le George Dandin de Molière : direz-vous que le beau rôle est à Angélique et que ce rôle tentera les femmes qui iront voir la comédie ? La femme qui voudra être Angélique n’avait rien à apprendre à la comédie, et ce n’est pas Molière qui l’a pervertie. […] Voilà la vraie moralité qui sort de la comédie de George Dandin ; voilà la leçon que donne l’expérience. » (La Fontaine et les fabulistes.
La comédie l’instruit et le corrige par la peinture gaie et risible des travers et des vices. Il faut distinguer dans le genre comique la comédie de mœurs, ou haute comédie, qui s’attache à la peinture des caractères, comme dans l’Avare et le Misanthrope ; et la comédie d’intrigue, où la gaîté naît des incidents imprévus et plaisants, comme dans l’Étourdi et le Menteur. […] Est-il besoin de rappeler, dans la comédie, les brillantes narrations des Fâcheux et du Menteur ? […] Aussi la comédie est-elle, de tous les genres littéraires, le plus difficile à traduire. […] Dans la comédie même, que de nuances depuis le Misanthrope jusqu’au Bourgeois gentilhomme ?
Le sujet d’une fable, d’un roman, d’un drame, d’une comédie, peut avoir ce mérite de moralité. […] En délayant une anecdote, en dialoguant un paradoxe étroit et subtil, vous croyez arriver à un drame, à une comédie, à un roman ; à peine aviez-vous la matière d’un feuilleton ou d’un vaudeville.
La comédie emploie ce style avec succès, pour reproduire la vérité des mœurs et du langage de la vie ordinaire. […] Citons, dans ce genre, le début de la comédie de Racine, les Plaideurs : Petit Jean. […] j’étais un franc portier de comédie : On avait beau heurter et m’ôter son chapeau, On n’entrait point chez nous sans graisser le marteau. […] Sa nature est la finesse, la naïveté ou la grâce ; elle convient surtout à la comédie, à la satire et à la fable : La Fontaine l’emploie fréquemment. […] Dans la Divine Comédie de Dante, Ugolin raconte les tourments terribles que lui et ses enfants éprouvèrent dans la tour de la Faim : « Tout ce jour et celui qui suivit, nous restâmes tous muets : Ah : terre, terre dure, pourquoi ne t’ouvris-tu pas ?