« Son courage, qui n’agissait qu’avec peine dans les malheurs de sa patrie, sembla s’échauffer dans les guerres étrangères ; et l’on vit redoubler sa valeur N’entendez pas par ce mot, une hardiesse vaine, indiscrète, emportée, qui cherche le danger pour le danger même ; qui s’expose sans fruit, et qui n’a pour but que la réputation, et les vains applaudissements des hommes. […] Il y réussira, s’il parle avec exactitude, ne disant rien qui n’ait un juste rapport au but qu’il se propose, de manière que l’exorde ne puisse convenir à aucun autre discours. […] Ces différentes propositions doivent renfermer le sujet du discours dans toute son étendue, et tendre au même but, sans rentrer l’une dans l’autre, parce qu’alors il s’en trouverait une qui serait inutile. […] L’éloquence, dit Cicéron71, veut qu’on s’accommode au goût et à l’oreille au peuple : elle songe à gagner et à toucher les esprits ; et dans ce but qu’elle se propose, les raisons doivent être pesées, non dans la balance des savants, mais dans celle du sens commun et de la multitude.
Cicéron peut l’emporter devant les lecteurs, parce qu’il leur donne plus de jouissances : mais devant les auditeurs, nul ne l’emportera sur Démosthène, parce qu’en l’écoutant, il est impossible de ne pas lui donner raison, et c’est là certainement le premier but de l’art oratoire. » Un homme bien fait pour juger les anciens, puisque c’est de tous les modernes celui qui s’en est approché le plus près, l’illustre auteur du Télémaque, ne balance pas à se décider en faveur de Démosthène.
Il leur a montré que de cent cinquante et tant d’opinions1 qui visaient au souverain bien, il n’y en avait pas une qui eût touché au but : vous pouvez voir et compter ces opinions dans les livres de la Cité de Dieu de saint Augustin2.
De même, Montesquieu : « La religion chrétienne, qui ne semble avoir pour but que la félicité de l’autre vie, fait encore notre bonheur dans celle-ci. »
Ce fut le 21 janvier 1814 que s’éteignit ce peintre délicat et vrai de la nature, cet esprit aimable et rêveur qui crut aux progrès de l’humanité et poursuivit ce noble but avec une foi persévérante1 Un acte de vertu.
Il se proposa un double but : réformer la poésie, réformer la langue dont elle se sert. […] Et il ne faut pas croire qu’un homme ait peine à éprouver aussi souvent la colère, la douleur et tous les autres troubles de la passion pour des intérêts étrangers ; il n’est pas besoin de feinte ; la vertu même de l’éloquence émeut l’orateur plus vivement qu’aucun de ses auditeurs. » Il n’est donc pas suffisant de défendre une bonne cause et de le prouver pour atteindre pleinement son but ; après avoir parlé à la raison, l’avoir résolue, il faut persuader, c’est-à-dire amener autrui où l’on veut en venir, agir sur sa volonté ; c’est vraiment là le but et l’efficacité de l’éloquence. […] L’orateur qui prolongerait outre mesure le ton pathétique ennuierait son auditoire et manquerait son but. […] La première, empreinte de gravité et de pompe, tire ses sujets de l’histoire et n’admet comme personnages que des gens de haut rang ou d’une célébrité reconnue ; son but est de nous émouvoir par de puissants mobiles, la terreur, la pitié, l’admiration que nous inspire la lutte du devoir et de la passion. […] Je crois donc, pour tous ces motifs, que je ferai une œuvre utile en essayant de traduire dans notre langue, en les adaptant au but que je poursuis, les fables d’Ésope.
Approche-t-il du but ? […] « Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point Sitôt que moi ce but […] — Sage ou non, je parie encore » Ainsi fut fait ; et de tous deux On mit près du but les enjeux3 Savoir quoi, ce n’est pas l’affaires, Ni de quel juge l’on convint.
Le lecteur jugera si parfois nous avons approché du but. […] elle nous a été donnée pour être développée, perfectionnée, prodiguée même dans un noble but. […] À quel but ? […] L’expression étant le but suprême, l’art qui s’en rapproche le plus est le premier de tous les arts. […] Le bien pour chaque être est d’aller au but pour lequel il a été organisée.
Que vos fictions, dont le but est d’amuser, aient le charme de la vraisemblance ; n’épuisez pas ma crédulité par l’abus du merveilleux : arrière donc la sorcière qui tire tout vivant de ses entrailles un enfant qu’elle a dévoré. […] Souvent, en effet, le luth harmonieux trahit le doigt et la pensée de l’artiste ; souvent, au lieu d’un son grave, la corde infidèle rend un son aigu : et la flèche n’atteint pas toujours le but qu’elle menaçait. […] — Sur cette question, souvent débattue, voici quel est mon sentiment : sans l’inspiration féconde, l’étude est impuissante, et le génie ne peut rien sans l’étude ; mais ils ont besoin l’un de l’autre, et tous deux, étroitement unis, ils conspirent au même but. […] 996Il y a cependant des fautes 997auxquelles nous voudrions 998avoir pardonné (pardonner) : 999car ni la corde de la lyre 1000ne rend toujours le son 1001et mens que la main et l’intention 1002veulent produire, 1003et elle renvoie bien-souvent 1004un son aigu 1005à celui-qui-désire un son grave ; 1006ni l’arc (ni la flèche) non plus 1007ne frappera pas toujours 1008tous les buts qu’il menacera (visera).
Mais je les crains peu, et je saurai sacrifier ma vie pour arriver au but glorieux qui m’est proposé, pour remplir jusqu’à la fin le ministère sacré de la parole divine.