Nous lui devons autant qu’à Corneille, car il a donné à tous les penseurs un instrument capable de suffire aux plus hautes spéculations. […] On le trouve souvent dans Corneille : Puisse le juste Ciel, content de ma ruine, Combler d’heur et de jours Polyeucte et Pauline.
(Corneille). […] Ce tour est également vicieux, quand la métaphore est tirée, 1º D’objets bas et dégoûtants, comme quand Corneille dit que plus de la moitié des soldats de Pompée Piteusement étale Une indigne curée aux vautours de Pharsale. […] (Corneille). […] Quand Chimène dit, par exemple, que le sang de son père lui traçait son devoir sur la poussière, et lui parlait par sa plaie , il est clair que ce n’est plus une fille désolée qui pleure son père, mais Corneille qui traduit un poète espagnol : Escrivio en este papel, con sangre, my obligacion ; me hablo con la boca de la herida , etc.
Ces règles ne sont donc faites ni pour Homère, ni pour Sophocle ; mais Démosthène et Cicéron eux-mêmes n’ont pas rougi de les étudier longtemps, ni Corneille et Pascal, ni Racine et Fénelon, ni Voltaire et Mirabeau. […] Racine a très-heureusement fait servir ce lieu commun à l’éloge du grand Corneille : En quel état se trouvait la scène française lorsqu’il commença à travailler ! […] Ainsi La Bruyère distingue par des épithètes de circonstance Corneille et Racine : Ce qu’il y a de plus beau, de plus noble et de plus impérieux dans la raison est manié par le premier, et par l’autre, ce qu’il y a de plus flatteur et de plus délicat dans la passion… Corneille est plus moral, Racine plus naturel. […] La Bruyère peint de la sorte les contrastes entre Corneille et Racine : Corneille nous assujétit à ses caractères et à ses idées ; Racine se conforme aux nôtres. […] Corneille.
Le sublime de Pascal n’est point celui de Bossuet, ni le sublime de Bossuet celui de Corneille. Corneille le tragique est plus près, comme style, de Molière le comique que de Racine.
Suffisait-il à Corneille d’avoir lu Tite-Live, de s’en représenter vivement plusieurs scènes, d’en saisir les traits principaux et de les combiner heureusement pour faire la tragédie des Horaces ?
Corneille pour peindre l'homme dégoûté des grandeurs qu'il avait tant désirées, dit : Et, monté sur le faite, il aspire à descendre. […] Corneille dit en parlant des trois favoris de l'empereur Galba : On les voyait tous trois se hâter sous un maître Qui, chargé d'un long âge, a peu de temps à l'être ; Et tous trois, à l'envi, s'empresser ardemment A qui dévorerait ce règne d'un moment. […] (Corneille.) […] La nouvelle littérature aime à peindre le caractère, les mœurs, des personnages qu'elle produit sur la scène : Shakspeare s'identifie avec ses héros, et il n'en fait ni des Romains d'une vertu inaccessible, comme Corneille ; ni des Romains philosophes, comme Voltaire. […] Corneille et Racine. — Si un mélange de beautés et de fautes doit être préféré à des productions moins grandes, mais achevées ; si le mérite d'avoir été le premier génie qui ait brillé après la longue nuit des siècles barbares, est un titre plus beau que celui d'avoir été l'écrivain le plus pur d'un siècle éclairé, c'est à Corneille et non à Racine qu'est réservée la première place dans nos annales littéraires.
C’est quelque chose de fort semblable aux scrupuleuses discussions de notre Corneille dans ses Discours sur la Tragédie et dans les Examens de ses pièces.
Corneille, dans une de ses pièces (Othon), parlant de trois ministres qui cherchaient à profiter du règne du vieux Galba, termine par une expression d’une incroyable énergie : On les voyait tous trois se hâter sous un maître Qui, chargé d’un long âge, a peu de temps à l’être, Et tous trois à l’envi s’empresser ardemment A qui dévorerait ce règne d’un moment. […] La métaphore de ces deux beaux vers de Corneille, Sur les noires couleurs d’un si triste tableau, Il faut passer l’éponge ou tirer le rideau, n’aurait pas été supportable chez les Romains, où l’éponge était un mot bas et dégoûtant. […] En voici une autre de Corneille : c’est de Pompée qu’il parle : …… Il s’avance au trépas Avec le même front qu’il donnait des États. […] Corneille voulait dire difficiles à comprendre.
Ame chevaleresque, elle resta fidèle à l’infortune trop méritée de Fouquet, et à la vieillesse assombrie de Corneille que désertait l’ingratitude publique. […] (Corneille.)
Qu’il me soit permis de défendre Corneille. […] Dans Corneille, ces sceptres qui parlent auront toujours quelque chose à dire, et rien ne pourra les forcer à se taire. […] Cette idée est grande, fort au-dessus d’un indécent persiflage, et l’expression de Corneille est noble et énergique. […] Voici un cas toutefois où l’antithèse habilement employée par le grand Corneille donne à la douleur une expression attendrissante. […] Corneille parlant des chrétiens, a dit en style concis : Ils font des vœux pour nous qui les persécutons.