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38. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

C’est par le génie que Bossuet vous élève et vous étonne ; c’est par le talent que Massillon vous charme et vous pénètre. […] On n’a pas besoin d’être éloquent pour comprendre ce qu’il y a de beau dans les meilleurs discours de Bossuet. […] Il est telle fable de La Fontaine, telle page de Racine ou de Bossuet, qui renferme à la fois les tons les plus divers. […] Il faut étudier surtout sous ce rapport Cicéron, Bossuet, Massillon et Fléchier. […] Bossuet, qui fut original comme les génies primitifs, étudia pourtant le secret de leur éloquence.

39. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lamennais 1782-1854 » pp. 243-246

Dans ce livre apparaissait déjà sous le docteur orthodoxe un logicien impérieux, paradoxal et inflexible, dont le zèle alarma ceux même qui applaudirent en lui un nouveau Bossuet. […] Bossuet, dans son oraison funèbre de la princesse Palatine, dit qu’elle fut douce avec la mort.

40. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Précis des quatre âges de la Littérature. »

Bourdaloue, Bossuet, Massillon, Fléchier, donnèrent à l’éloquence sacrée autant de force, d’agréments et de majesté, que Démosthène et Cicéron en avaient donné à l’éloquence profane. […] L’éloquent Bossuet, d’Orléans, et après eux Vertot, manièrent avec le plus grand succès lest pinceaux de l’histoire.

41. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

Pour bien sentir ce que c’est que la période, relisons, dans l’oraison funèbre du grand Condé, par Bossuet, ce fragment de la péroraison : « Pour moi, s’il m’est permis ; après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince, le digne objet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire ; votre image y sera tracée, non point avec cette audace qui promettait la victoire ; non, je ne veux rien voir en vous de ce que la mort y efface ; vous aurez dans cette image des traits immortels : je vous verrai tel que vous étiez à ce dernier jour, sous la main de Dieu, lorsque sa gloire sembla commencer à vous apparaître… » On voit qu’ici toutes les idées, quoique distinctes, s’enchaînent et forment un ensemble harmonieux : telle est la période. […] Et Bossuet : « Aussi vifs étaient les regards, aussi vive et impétueuse était l’attaque, aussi fortes et inévitables étaient les mains du prince de Condé. » 5° Répétition. […] Voici encore une allégorie sublime, tirée de Bossuet : « La vie humaine est un chemin dont l’issue est un précipice affreux. […] Bossuet nous en donne un exemple dans son oraison funèbre de la reine d’Angleterre : « Combien de fois a-t-elle remercié Dieu de deux grandes grâces : l’une, de l’avoir faite chrétienne ; l’autre… Messieurs, qu’attendez-vous ? […] Bossuet, frappé de la mort imprévue d’Henriette d’Angleterre, s’écrie : « Ô vanité !

42. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

Le style de Quinault est plus facile que celui de Despréaux, d’après Voltaire, qui accordait le même avantage à Bossuet sur Fléchier. […] Voici comment Bossuet a réussi à faire passer dans le récit d’un songe de la princesse Palatine, les mots poule et chien, et à les rendre dignes de la majesté de l’oraison funèbre : Dieu, dit-il, qui fait entendre ses vérités en telles manières et sous telles figures qu’il lui plaît, continua de l’instruire, comme il a fait Joseph et Salomon ; et durant l’assoupissement que l’accablement lui causa, il lui mit dans l’esprit cette parabole si semblable à celle de l’Évangile. […] En dehors de l’Écriture, nous citerons Homère, Sophocle, Pindare, Platon, Démosthènes, Cicéron, Virgile, Horace, saint Basile, saint Jean Chrysostome, Corneille, La Fontaine, Bossuet, Racine, Bourdaloue, Massillon, J. […] Nous trouvons des modèles de style magnifique dans l’Écriture, et chez les écrivains qui ont puisé leurs inspirations dans le christianisme, comme Bossuet qui est souvent magnifique dans ses oraisons funèbres, Fénelon, Racine, Rousseau, Soumet, Lamartine. […] Bossuet, le plus sublime des orateurs et des écrivains, se garde bien de l’être toujours.

43. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

La Bruyère 1646-1696 [Notice] Né à Dourdan, Jean de La Bruyère avait acheté une charge de trésorier à Caen, lorsqu’après des revers de fortune, à 36 ans, sur la recommandation de Bossuet, il fut appelé à Paris pour enseigner l’histoire à M. le duc, petit-fils du grand Condé. […] » Je lis dans Bossuet : « Dieu a choisi David, et l’a tiré d’auprès les brebis pour paître Jacob son serviteur, et Israël son héritage. […] « Loin de nous les héros sans humanité, s’écrie Bossuet ; ils pourront bien forcer les respects et ravir l’admiration comme font tous les objets extraordinaires, mais ils n’auront pas les cœurs. » (Oraison funèbre du prince de Condé.) […] Bossuet a dit : « Ces terres et ces seigneuries qu’il avait ramassées comme une province, avec tant de soins et de travail, se partageront en plusieurs mais, et tous ceux qui verront ce grand changement diront, en levant les épaules et en regardant avec étonnement les restes de cette fortune ruinée : Est ce là que devait aboutir toute cette grandeur formidable au monde ?

44. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Courbé, comme je le suis, par la main de la douleur, je suis peu capable d’assister mon pays dans cette périlleuse conjoncture ; mais, milords, tant que je garderai le sentiment et la mémoire, je ne consentirai jamais à priver la royale postérité de la maison de Brunswick et les descendants de la princesse Sophie de leur plus bel héritage. » N’est-ce pas dans l’intervention personnelle de l’orateur que consiste en grande partie le triomphe de Bossuet, dans la péroraison de l’Oraison funèbre de Condé, « lorsqu’après avoir mis Coudé au cercueil, comme parle Chateaubriand, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsqu’en s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe, et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité ?  […] On cite celle du discours d’Adrien au peuple de Constantinople et de l’éloge de saint Basile, par Grégoire de Nazianze, celles de la plupart des oraisons funèbres de Bossuet et des sermons de Massillon, celle du discours du père de Neuville sur le péché mortel, la péroraison si touchante de Vincent de Paul, tirée de la personne du client, lorsque, montrant aux dames pieuses qui composaient son auditoire les pauvres petits orphelins dont il s’était fait le père, près d’expirer devant elles, si elles ne leur venaient en aide, il s’écriait : « Or sus, mesdames, la compassion et la charité vous ont fait adopter ces petites créatures pour vos enfants.

45. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

Le sublime de Pascal n’est point celui de Bossuet, ni le sublime de Bossuet celui de Corneille. […] Etudiez les prosateurs français qui ont le mieux connu le génie de la langue : au xvie  siècle, Amyot, Montaigne, du Bellay ; au xviie , Pascal, Bossuet, Fléchier, la Bruyère, madame de Sévigné ; malgré les reproches que la critique a pu adresser aux trois derniers, je les recommande pour l’excellence de leur forme ; au xviiie , les quatre maîtres, Voltaire, Rousseau, Buffon et Montesquieu ; j’ajouterais volontiers le duc de Saint-Simon lu avec prudence.

46. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

« Fénelon eut le fiel de la colombe, dont ses reproches les plus aigres imitaient les gémissements ; et parce que Bossuet parlait plus haut, ou le croyait plus emporté. […] Ramsay, élève de ce célèbre archevêque, m’a écrit ces mots : « S’il était né en Angleterre, il aurait développé son génie, et donné l’essor sans crainte à ses principes, que personne n’a connus. » Citons encore M. de Sacy : « Le Télémaque est le livre d’un grand poëte, d’un sage, d’un homme de génie, auquel a manqué pourtant l’une des plus précieuses qualités : la candeur, la vraie simplicité d’âme, une certaine naïveté de bon sens, qui fera le charme éternel d’Homère et de Bossuet. […] Il justifie le mot de Bossuet disant de Fénelon : “Il a plus d’esprit que moi, il en a à faire peur.”

47. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Bossuet citait, mais il citait en chaire, en mitre et en croix pectorale ; il citait aux persuadés1. […] Bossuet dans ses citations avait l’air de parler en son nom : il lisait les textes sacrés dans la mémoire de son cœur, dans sa conscience. […] Il faut comparer à cette lettre platonicienne les chapitres ou les passages dans lesquels Montaigne parle de la mort, les fables de La Fontaine sur La Mort et le mourant, Le Vieillard et les trois jeunes hommes, les pensées chrétiennes de Bossuet sur le même sujet.

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