Avis du libraire sur cette nouvelle édition Cet Ouvrage est assez avantageusement connu, pour qu’on puisse se rappeler que l’ancien Gouvernement l’adopta en 1784, pour l’instruction des Cadets Gentilshommes de l’École Royale Militaire, du nombre desquels était Sa Majesté l’Empereur et Roi, à qui l’auteur enseignait, dans cette maison, la Langue et la Littérature française.
Que de vaines disputes, que de questions sans fin, que d’opinions différentes ont partagé autrefois les écoles de la philosophie païenne ! […] car je ne prétends pas tout dire, autant d’écoles, autant de sentiments sur un point si essentiel. Autant de siècles, autant de nouvelles extravagances sur l’immortalité et la nature de l’âme : ici, c’était un assemblage d’atomes ; là, un feu subtil ; ailleurs, un air délié ; dans une autre école, une portion de la Divinité. […] Et ce qu’il y a ici de plus déplorable, c’est que l’existence de Dieu, sa nature, l’immortalité de l’âme, la fin et la félicité de l’homme, tous points si essentiels à sa destinée, si décisifs pour son malheur ou pour son bonheur éternel, étaient pourtant devenus des problèmes qui, de part et d’autre, n’étaient destinés qu’à amuser le loisir des écoles et la vanité des sophistes ; des questions oiseuses où l’on ne s’intéressait pas pour le fond de la vérité, mais seulement pour la gloire de l’avoir emporté. […] Chez les Grecs, Périclès fut comme le fondateur de cette éloquence ; Isocrate, un peu plus tard, tint une école de rhétorique qui fut très suivie, et compta parmi ses élèves Eschine et Démosthène ; ce dernier est sans contredit le plus grand orateur qu’aient eu les Grecs.
Chargé d’enseigner les Belles-Lettres Françaises aux Cadets Gentilshommes de l’École Royale Militaire, je me suis attaché à leur donner des notions générales, mais précises, de tous les objets importants qu’elles renferment, et qu’il n’est pas permis à l’homme du monde d’ignorer.
Une école. — Qu'est-ce qu'une école ? […] Un littérateur de l'ancienne école, Hoffmann, a dit : « Si vous lisez une pièce de théâtre, des poésies ou un roman où se trouvent des mots barbares, des vers durs et sans hémistiche, à côté de quelques phrases bien construites ; des expressions triviales, des termes impropres, à côté de termes qui conviennent à la pensée ; des expressions basses, à côté de mots gigantesques, cette pièce appartient à la nouvelle littérature, et telle est celle de Victor Hugo qui a pour titre Hernani. Les poëtes de cette école chantent, dans la même pièce, les démons et les anges, les spectres, les gnomes, les sorciers et les possédés du démon ; ils parlent minutieusement des vieux castels, de la cloche du soir, de l'oiseau funèbre et de la vieille tour ; enfin, ils fouillent dans les ruines du moyen âge, et déterrent toutes les rêveries féodales et celles d'Ossian et d'Odin. Cette hardiesse de tout dire devait séduire les jeunes écrivains du siècle, et la nouvelle école, représentée par Châteaubriand, Lamartine, Victor Hugo, etc., devait s'élever en France, à côté de celle de Boileau, de Racine et de Laharpe1 Genre épistolaire. […] Pour la comédie, voyez le Misanthrope et le Tartufe de Molière, le Méchant de Gresset, la Métromanie de Piron et l'École des vieillards de C.
Les distinctions et les divisions sont ici nécessaires, et l’on ne doit pas s’étonner qu’elles aient régné de tout temps dans toutes les écoles. […] Ce n’est donc pas ici une de ces divisions inventées seulement pour les écoles ; c’est l’expression même de la nature des choses. […] L’enthymème ne se montre pas non plus d’ordinaire sous l’extérieur de l’école. […] La Grèce, qui fut la première et la plus parfaite école de l’éloquence, produisit de nombreux orateurs, également admirables par la force du raisonnement et par le talent d’émouvoir ; mais aucun n’égala Démosthène. […] Ce sophisme est appelé dans l’école fallacia accidentis.
L’école de Ronsard et de Baïf, par le calque des compositions, par l’introduction et la fabrique des mots, s’était faite grecque en français. […] Avec l’école de Malherbe et de ses successeurs classiques, la littérature française se rapprocha davantage du caractère latin. […] C’est à l’école des anciens que s’étaient formés et perfectionnés nos plus grands écrivains. […] Mais quatre ans après l’École des femmes, il produisit enfin sur la scène un véritable chef-d’œuvre de poésie et d’art : le Misanthrope parut. […] C’est une dupe, il fait en un tour vingt écoles.
Juvénal, élevé dans les cris de l’école, Poussa jusqu’à l’excès sa mordante hyperbole.
Non loin de lui, et avec le regret d’être séparé d’un ami si cher, Horace présiderait à son tour (autant qu’un poëte et qu’un sage si fin peut présider) le groupe des poëtes de la vie civile et de ceux qui ont su causer quoiqu’ils aient chanté : Pope, Despréaux, l’un devenu moins irritable, l’autre moins grondeur ; Montaigne, ce vrai poëte, en serait, et il achèverait d’ôter à ce coin charmant tout air d’école littéraire. […] Pope, poëte anglais, mort en 1744, chef de l’école classique.
C’est peut-être le célèbre Euclide, chef de l’École de Mégare, qui paraît avoir eu peu de goût pour la poésie, et dont Diogène Laërce (II, 109) atteste les dissentiments avec Aristote.
L’école de Boileau et de Racine la lui avait léguée, mais il a dissipé l’héritage avec une inconcevable profusion. […] On peut blâmer, pour le même motif, l’ellipse de Casimir Delavigne dans l’Ecole des vieillards : J’ai voulu par le luxe en imposer un peu, Je dis un peu ; beaucoup, je me croirais coupable.