En voici un exemple tiré de l’Oraison funèbre de Turenne, par Fléchier : « Synthèse : Que de soupirs alors, que de plaintes, que de louanges retentissent dans les villes, dans les campagnes ! […] « Sans doute, dit-il, celui qui se borne à dire qu’une ville a été prise embrasse dans ce seul mot toutes les horreurs que comporte un pareil sort ; mais il ne remue pas les entrailles, et a l’air d’annoncer purement et simplement une nouvelle : mais développez tout ce qui est renfermé dans ce mot, alors on verra les flammes qui dévorent les maisons et les temples ; alors on entendra le fracas des toits qui s’abîment, et une immense clameur formée de mille clameurs ; on verra les uns fuir à l’aventure, les autres étreindre leurs parents dans un dernier embrassement ; d’un côté, des femmes et des enfants qui gémissent, et de l’autre, des vieillards qui maudissent le sort qui a prolongé leur vie jusqu’à ce jour ; puis, le pillage des choses profanes et sacrées, les soldats courant en tout sens pour emporter ou pour chercher leur proie, chacun des voleurs poussant devant soi des troupeaux de prisonniers chargés de chaînes, des mères s’efforçant de retenir leurs enfants, enfin les vainqueurs eux-mêmes se battant entre eux à la moindre apparence d’un plus riche butin. Tout cela, comme je l’ai dit, est renfermé dans l’idée d’une ville prise d’assaut, mais on dit moins en disant le tout en gros qu’en énumérant les parties. » 12. […] Si je veux atteudrir les juges, sera-t-il hors de propos de dire qu’Athènes, cette ville si sage, regardait la pitié non-seulement comme un sentiment de l’âme, mais comme une divinité ?