17° Pensées nobles Boileau a dit avec raison dans une de ses satires : La vertu d’un cœur noble est la marque certaine. La vertu doit donc accompagner la noblesse ; et c’est pour cela qu’une pensée noble ne peut sortir que d’un cœur vertueux ; elle contient l’expression d’un sentiment élevé, qui saisit l’âme et lui cause en même temps un plaisir mêlé d’admiration. […] Les mortels sont égaux ; ce n’est point la naissance, C’est la seule vertu qui fait la différence. […] Dans la touchante élégie composée en faveur de Fouquet, La Fontaine essaye de fléchir le courroux de Louis XIV ; il implore sa clémence et lui dît qu’elle est la plus belle vertu qui puisse le rapprocher de la Divinité ; il s’adresse aux Nymphes de Vaux. […] Les deux poètes parlent des rochers où le jeune prince trouve la mort ; le premier le fait avec noblesse : À travers les rochers la peur les précipite ; le second ajoute aux rochers une épithète qui, loin de faire de l’effet, excite le rire dans ce moment solennel : Sur les rochers pointus qui lui percent le flanc … Reconnaissons cependant que le récit de Pradon se recommande par de belles pensées qu’il ne doit point à Racine, telles que celle-ci qui contient l’expression d’un tendre sentiment : Il s’éloigne à regret d’un rivage si cher ; et celle-ci qui respire l’intrépidité, la bravoure : Le minotaure en Crète à mon bras était dû ; Et les dieux réservaient ce monstre à ma vertu.