En effet, les émotions qui viennent du corps sont bornées et monotones : on connaît bien vite toutes les contorsions tragiques des passions exagérées ; on s’aperçoit promptement que ces cris de souffrance et d’agonie qui, la première fois, ont frappé l’oreille d’un coup inattendu et terrible, rendent toujours le même son ; et, au bout de quelque temps, l’auteur et le spectateur viennent échouer contre l’impossibilité de faire sentir autre chose que ce qu’ils ont fait et senti hier. J’ajoute que c’est sur cet écueil que doivent venir échouer tous les arts qui sortiront du cercle de l’imitation matérielle. […] Voilà d’où lui vient cette joie qui éclate encore dans ses yeux, sous la griffe même des lions ! […] laisse-le se tourmenter ; le mot lui viendra, et quand il l’aura dit, tu ne l’entendras pas. » 1.