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176. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Enfin, à ces deux grands caractères généraux, éthique et pathétique, encore une fois qu’on me passe ces mots, viendra se joindre la prodigieuse diversité des climats et des produits, qui donnera à chaque coin de terre, à chaque subdivision des eaux, aux animaux, aux plantes, selon les lieux et les saisons différentes, aux métaux même et aux minéraux façonnés par la main de la nature ou de l’homme, une physionomie sui generis, une couleur locale, féconde en idées neuves pour celui qui observe longtemps avant de prendre la plume. […] Quelques remarques donc sur les divers éléments que je viens d’énumérer comme modifiant le caractère général de l’humanité. […] Il faut tenir compte, sous ce rapport, des moindres accidents ; et ici les arts du dessin viennent, comme tout à l’heure la physiologie, en aide à la rhétorique. […] On comprend que l’éducation, le milieu dans lequel on se meut, les travaux et les habitudes journalières sont autant d’éléments qui modifient à l’infini les mœurs, les pensées, les expressions de chaque individu ; qu’ainsi l’orateur qui s’adresse aux hommes, aussi bien que l’historien, le romancier, le dramatiste, qui les mettent en scène, doivent étudier consciencieusement ces modifications qui leur viendront en aide pour l’invention, et ne jamais les perdre de vue, s’ils veulent conserver à leur pensée et à leur style deux mérites éminents, la vérité et la variété.

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