Cicéron commence son discours par des reproches à la classe, nombreuse dans tous les temps et dans tous les pays, de ces égoïstes, d’autant plus sévères pour les autres, et d’autant plus exigeants, que plus jaloux d’un repos, pour lequel cependant ils ne veulent rien faire, ils ne pardonnent rien de ce qui peut le troubler, et trouvent toujours que l’on n’en a point fait assez pour le leur conserver. […] « Si l’on s’étonnait, par le passé, que dans une république aussi puissante, et dans un aussi illustre empire, il se rencontrât si peu de citoyens assez fermes, assez intrépides, pour oser dévouer leur personne et leur vie au salut de l’état et au maintien de la liberté commune ; que l’on s’étonne bien plus aujourd’hui de rencontrer encore de braves et généreux citoyens, que de trouver des hommes timides et plus occupés d’eux-mêmes que des intérêts de la patrie. […] Lorsque de tels hommes ont trouvé des chefs de leur parti, il se forme dans la république des orages, lesquels obligent ceux qui ont pris en main le gouvernail de la patrie, à se tenir sur leurs gardes, à employer tous leurs soins, à déployer toute leur habileté, pour conserver les grands objets dont je viens de parler, pour se mettre en état de naviguer sûrement, et d’arriver enfin au port d’une heureuse tranquillité ».