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58. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

Soit confiance en nous, soit par cette pudeur Que l’innocence inspire ainsi que le malheur, Cet homme, retournant à ses travaux champêtres, Du jardin, du logis, sembla nous laisser maîtres. […] Cette idylle rustique et religieuse nous inspire le respect du travail, et sa simplicité a comme une grandeur patriarcale. […] Les travaux sont suspendus, les champs déserts. […] De cet asile de travail, de silence et de paix, le curé doit peu s’éloigner pour se mêler aux sociétés bruyantes du voisinage ; il ne doit que dans quelques occasions solennelles tremper ses lèvres avec les heureux du siècle dans la coupe d’une hospitalité somptueuse ; le reste de sa vie doit se passer à l’autel, au milieu des enfants auxquels il apprend à balbutier le catéchisme, ce code vulgaire de la plus haute philosophie, cet alphabet d’une sagesse divine, dans les études sérieuses, parmi les livres, société morte du solitaire ; le soir, quand le marguillier a pris les clefs de l’église, quand l’Angelus a tinté dans le clocher du hameau, on peut voir quelquefois le curé, son bréviaire à la main, soit sous les pommiers de son verger, soit dans les sentiers élevés de la montagne, respirer l’air suave et religieux des champs et le repos acheté du jour, tantôt s’arrêter pour lire un verset des poésies sacrées, tantôt regarder le ciel ou l’horizon de la vallée, et redescendre à pas lents dans la simple et délicieuse contemplation de la nature et de son auteur.

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