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83. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Il a des traits d’une rare vigueur dans son Enfer. […] Quelque isle plus barbare où les flots equitables Te porteront en proye aux tigres, tes semblables, Le ventre des poissons, ou quelque dur rocher, Contre lequel les flots te viendront attacher, Ou le fons de ta nef, aprés qu’un trait de foudre Aura ton mas, ta voile et ton chef mis en poudre, Sera ta sepulture, et mesmes en mourant, Mon nom entre tes dents on t’orra308 murmurant, Nommant Didon, Didon, et lors, toujours presente, D’un brandon infernal, d’une tenaille ardente, Comme si de Megere on m’avoit fait la sœur, J’engraveray ton tort dans ton parjure cœur : Car, quand tu m’auras fait croistre des morts le nombre, Partout devant tes yeux se roydira mon ombre. […] Imité d’Anacréon Le rusé Cupidon, Voyant Philis seulete, Luy jetta son brandon Et tira sa sagette : Mais cet cnfantelet Ne pouvant de sa fleche, Dans le cœur tendrelet, Luy faire aucune breche, Il va tout furieux D’une pleine secousse Jetter en ses beaux yeux Son feu, ses traits, sa trousse449 : Puis que je n’ay, dit-il, De pouvoir sur ton ame, Tes yeux d’un feu subtil Elanceront ma flame. […] Ayez escrit au cœur, d’un trait ineffaçable, Que tout vice fleurit sans un prince trop doux, Et qu’enfin on se rend egalement blasmable, Ne pardonnant à nul, et pardonnant à tous. […] XIII), grand’mère de Tartuffe le justifie, et c’est A. de Musset qui l’établit, après Boileau (« Régnier, le poète français, qui, du consentement de tout le monde, a le mieux connu avant Molière les mœurs et les caractères des hommes » Réflex. critiq, sur Longin, Ve), et qui, donnant à la figure de Régnier deux traits qui conviennent à celle de Malherbe, affirme la parenté de Régnier, Malherbe et Molière, Sainte-Beuve y ajoute le nom un peu inattendu d’André Chénier.

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