Touché par la beauté morale, il défendit les croyances éternelles du genre humain, il eut le cœur religieux, et fut excellent lorsqu’il eut raison avec tout le monde. […] Je ne saurais vous dire, monsieur, combien j’ai été touché de voir que vous m’estimiez le plus malheureux des hommes. […] L’or des genêts et la pourpre des bruyères4 frappaient mes yeux d’un luxe qui touchait mon cœur ; la majesté des arbres qui me couvraient de leur ombre, la délicatesse des arbustes qui m’environnaient, l’étonnante variété des herbes et des fleurs que je foulais sous mes pieds, tenaient mon esprit dans une alternative continuelle d’observation et d’admiration : le concours de tant d’objets intéressants qui se disputaient mon attention, m’attirant sans cesse de l’un à l’autre, favorisait mon humeur rêveuse et paresseuse, et me faisait souvent redire en moi-même : « Non, Salomon dans toute sa gloire ne fut jamais vêtu comme l’un d’eux5. » Mon imagination ne laissait pas longtemps déserte la terre ainsi parée. […] « Or si nous étudions le mystère qui se passe en nous lorsque le bonheur nous touche un instant, nous reconnaîtrons sans peine qu’il y est causé par la satisfaction plus ou moins entière d’une ou de plusieurs de nos facultés, soit de l’esprit par la poésie et l’éloquence, soit du cœur par une affection récompensée, soit de la conscience par une action qui l’émeut, soit de tout notre être par un ensemble de choses qui le saisissent à la fois et le transportent hors de lui.