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48. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

C’est ainsi qu’à Straffort l’Angleterre idolâtre Couronnait dans Shakspeare le père du théâtre. […] Leurs divertissements portent le même caractère : lorsque, sur leur salaire, ils ont dérobé à leurs besoins une pénible épargne, ils ne la consacrent point à se procurer des boissons enivrantes ou des plaisirs crapuleux ; mais ils la portent, comme un tribut, aux théâtres, aux poètes improvisateurs, aux conteurs d’histoires qui éveillent leur imagination et qui nourrissent leur esprit. […] Rien d’étonnant ne s’attache à sa personne ; il n’est pas placé sur un vaste théâtre ; il n’est point aux prises avec les capitaines les plus habiles et les plus puissants monarques du temps ; il ne court point de Memphis à Vienne, de Cadix à Moscou : il se défend avec une poignée de citoyens sur une terre sans célébrité, dans le cercle étroit des foyers domestiques. […] Pour toute ambition, pour vertu singulière, Il excelle à conduire un char dans la carrière, À disputer des prix indignes de ses mains, À se donner lui-même en spectacle aux Romains, À venir prodiguer sa voix sur un théâtre, À réciter les chants qu’il veut qu’on idolâtre ; Tandis que des soldats, de moments en moments, Vont arracher pour lui des applaudissements. » Ah !

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