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96. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Tende la mort son arc, s’elle veut tendre. […] Icy de cent couleurs s’esmaille la prairie, Icy la tendre vigne aux ormeaux se marie, Icy l’ombrage frais va les fueilles mouvant Errantes çà et et là sous l’haleine du vent165. […] Toutefois les docteurs de ces sectes nouvelles Comme si l’Esprit Sainct avoit usé ses ailes A s’appuyer sur eux, comme s’ils avoient eu Du ciel dru et menu mille langues de feu, Et comme s’ils avoient (ainsi que dit la Fable, De Minos) banqueté des hauts Dieux à la table, Sans que honte et vergongne en leur cœur trouve lieu, Parlent profondement des mysteres de Dieu ; Ils sont ses conseillers, ils sont ses secretaires, Ils sçavent ses advis, ils sçavent ses affaires, Ils ont la clef du ciel et y entrent tous seuls, Ou qui veut y entrer, il faut parler à eulx… Madame225, faut chasser ces gourmandes Harpyes, Je dy ces importuns, qui les griffes remplies De cent mille morceaux, tendent tousjours la main, Et tant plus ils sont saouls tant plus meurent de faim Esponges de la cour, qui succent et qui tirent : Plus ils crevent de biens, et plus ils en desirent ! […] Il a jambe de cerf, ouverte la poictrine, Large croupe, grand corps, flancs unis, double eschine, Col mollement vousté comme un arc my tendu, Sur qui flotte un long poil crespement espandu, Yeux gros, prompts, relevés, bouche grande, escumeuse, Naseau qui ronfle382 ouvert, une chaleur fumeuse… Son pas est libre et grand ; son trot semble égaler Le tigre en la campaigne et l’arondelle en l’er : Et son brave galop ne semble pas moins viste Que le dard biscaïn ou le traict moscovite.

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