Les talents de l’un ne sont utiles au public que quand il croit qu’ils peuvent être utiles à ses desseins ; les services de l’autre sont dégagés de tout désir de récompense, et il s’en trouve assez payé par la satisfaction intérieure de faire le bien. […] L’exorde doit être modeste : la modestie rehausse toujours le prix du talent et de la vertu ; et c’est surtout à l’entrée de son discours que l’orateur doit montrer cette qualité. […] Défendre par le talent de la parole les biens, l’honneur, la vie même des citoyens, contre la mauvaise foi, l’imposture, la calomnie ; soustraire l’homme faible, indigent et vertueux, à l’oppression ou à la rapacité de l’homme injuste, riche et puissant : telle est la noble fonction de l’avocat26, ou, plus exactement, telle est sa fonction vue en beau : car, puisqu’il y a, dans tous les procès, des avocats plaidant l’un contre l’autre, il faut bien, si la cause du premier est telle qu’on la dépeint ici, que celle du second ne soit pas aussi belle. […] Elle est bien différente de cette facilité naturelle de parler, qui n’est qu’un talent, une qualité accordée à tous ceux dont les passions sont fortes, les organes souples et l’imagination prompte.