Marmontel nous en indique la différence en ces termes : « L’une trace la méthode et l’autre la suit ; l’une enseigne les moyens et l’autre les emploie ; l’une indique les sources et l’autre y va puiser ; l’une abat une forêt de matériaux et l’autre en fait le choix et les met en œuvre avec intelligence ; et enfin l’éloquence est née avant les règles de la rhétorique, de même que les langues se sont formées avant la grammaire. » Laissons un instant parler Buffon sur ce sujet ; il nous expliquera clairement comment il comprend l’éloquence, et quelle différence il établit entre elle et cet avantage dont la plupart des hommes sont doués de parler avec une certaine facilité naturelle. […] Tout le peuple, enflammé par ce glorieux souvenir, suivit en foule ce grand homme. […] Quand un orateur, par exemple, loue la vertu, il ne le fait que pour la conseiller et nous exciter à la pratiquer : voilà le démonstratif et le délibératif réunis ; d’où il suit qu’il est certains discours qu’il serait fort difficile de classer ; on leur donne ordinairement, lorsqu’il est possible, le nom du genre qui y domine et qui en fait le principal objet.