Les voyant agir sur les esprits, calmer ou exciter les emportements, substituer à la force grossière la douce persuasion, maîtriser dans une certaine mesure les cœurs, on dut, ne fût-ce que par un sentiment d’envie, admirer, puis ambitionner leurs succès. […] s’il suffit d’avoir des intentions louables et que l’honneur n’emprunte rien du succès, nous le savons, et Ammon ne nous le gravera pas plus profondément. […] En résumé, disons avec Cicéron « qu’il importe essentiellement au succès que veut obtenir un orateur, que son auditoire ait la meilleure opinion de ses mœurs, de ses principes, de sa conduite. […] L’orateur, sans blesser toutefois la vérité, se doit, pour le succès qu’il poursuit, d’insister sur les circonstances qui lui paraissent le plus avantageuses, atténuant d’autre part celles qui sont contraires. […] Comme modèle d’allégorie, nous pourrions encore citer cette ingénieuse pièce où Mme Deshoulières, sous l’emblème d’une bergère qui parle à ses brebis, rend compte à ses enfants de ce qu’elle a fait pour eux et se plaint tendrement de ses mauvais succès.