Ils voyaient les grands orateurs passionner la multitude ; ils assistaient à leurs triomphes ; ils sentaient d’instinct que l’âme de tout un peuple était suspendue aux lèvres de ces hommes, que leur geste souverain disposait du salut ou de la perte des villes, et qu’au milieu de cette Athènes qui ne pouvait souffrir de maîtres, ils étaient plus maîtres que les rois absolus ne le sont au milieu de leurs armées. […] Ils lui souffrirent toutes ces hardiesses, pareils au patient qui livre ses plaies au fer et au feu du médecin. […] Car remarquez bien qu’elle deviendrait inutile et même condamnable, si l’orateur pouvait dire ouvertement la vérité, c’est-à-dire s’il s’adressait à des hommes capables de la souffrir. […] … Et les Grecs voient ces choses, et ils les souffrent, pareils à des gens qui regarderaient tomber la grêle et se borneraient à souhaiter qu’elle tombât sur le champ du voisin, sans rien faire pour s’en garantir eux-mêmes.