Tel est l’esprit de douceur que l’Évangile nous commande quand il nous exhorte à nous supporter les uns les autres, à nous réjouir avec ceux qui se réjouissent, et à pleurer avec ceux qui pleurent ; à n’être point paresseux, à rendre service, à être doux et tendres, compatissants et honnêtes, à soutenir le faible. » Blair prêchait l’Évangile depuis plus de cinquante ans avant qu’il songeât à faire imprimer des sermons dont son extrême modestie pouvait seule lui dissimuler le mérite. […] Il est manifeste que la nature, le plus gracieux sans doute de tous les artistes, semble, dans celles de ses productions qui ne sont faites que pour l’ornement, avoir à dessein négligé la régularité, pour ne songer qu’à la variété. […] Les hommes d’abord ne songèrent à se communiquer leurs pensées qu’en présence les uns des autres, et au moyen de mots ou de sons qu’ils faisaient entendre. […] Nous citerons pour exemple cette période extraite d’une lettre de sir William Temple à lady Essex : « Si vous regardiez autour de vous, et que vous jugiez de l’existence de vos semblables comme de la vôtre ; si vous songiez combien naissent obscurs, et combien meurent sans que rien atteste qu’ils ont vécu ; combien sont rares la vraie beauté et les véritables amis ; combien de maladies et de misères nous accablent ; vous tomberiez à genoux, et, loin de gémir de vos propres maux, vous remercieriez le Seigneur de toutes les bénédictions que sa main a répandues sur vous. » On trouve dans Cicéron beaucoup de périodes du même genre.