C’est en ce sens qu’on a appelé les langues des méthodes analytiques. […] Or, ce pourquoi, c’est évidemment que, ne pouvant exprimer par des variétés de terminaisons la variété des rapports logiques qui lient ces mots entre eux, il a dû le faire en les plaçant dans une succession régulière ; c’est qu’il lui a fallu indiquer l’existence des yeux avant leur action, puis leur action en général avant le sens spécial dans lequel elle devait être comprise ici. […] « C’est d’elle seule, dit avec raison l’Encyclopédie, que les autres constructions empruntent la propriété qu’elles ont de signifier, au point que si la construction nécessaire ne pouvait pas se retrouver dans les autres sortes d’énonciations, celles-ci n’exciteraient aucun sens dans l’esprit, ou n’y exciteraient pas celui qu’on voudrait y faire naître. » La langue française, la plus claire des langues analytiques, suit en général cet ordre naturel, dont elle s’écarterait cependant bien plus souvent, si elle avait moyen d’y suppléer par des terminaisons variées. […] Je n’entends donc parler ici ni de ce que les anciens appelaient anastrophe, qui consistait à transposer deux mots me cum pour cum me ; his accensa super ; ni de ce qu’ils nommaient tmèse, qui coupait un mot en deux : … hyperboreo septem subjecta trioni ; ni même de l’hypallage, figure par laquelle on attribue à certains mots d’una phrase des inflexions ou modifications qui appartiennent réellement à d’autres mots, sans cependant qu’il soit possible de se méprendre au sens : Ibant obscuri sola sub nocte per umbram, pour obscura soli ; Et caligantem nigra formidine lucum, pour et formidatum nigra caligine, etc. […] Honnêtes gens, bien entendu, est pris ici dans le sens du xviiie siècle, les personnes que la condition, la fortune on le mérite élèvent au-dessus du vulgaire, et qui ont l’esprit cultivé par la lecture, par la réflexion et par le commerce avec les personnes qui ont les mêmes avantages.