Il semble que, se défiant de ses forces, le poëte n’ose aborder sa matière. […] Il en est de même, ce me semble, mais pour un autre motif, dans l’éloquence sacrée. […] « Je prouverai, dit-il dans ce dernier : 1° que la guerre est nécessaire ; 2° qu’elle est dangereuse et difficile ; 3° que Pompée seul peut la terminer heureusement. » Et dans le Pro Murena : « Il me semble que toute l’accusation se réduit à trois chefs : par le premier on attaque Murena dans ses mœurs ; par le second, dans sa candidature ; par le troisième, on l’accuse de brigues46. » Au reste, toutes les formes de l’exorde rentrent dans l’éloquence du barreau et de la tribune ; c’est là surtout qu’il est un point capital. […] Les anciens appellent vulgaire l’exorde qui peut appartenir à plusieurs sujets ; commun ou commuable, celui dont l’adversaire peut faire usage ou qu’il peut même, à l’aide de légers changements, retourner contre nous ; étranger ou emprunté, non-seulement celui qui ne convient pas au sujet, mais surtout celui qui semble amener une conséquence tout opposée à celle qu’on a en vue : tel cet exorde d’Isocrate dont Longin fait si justement la critique dans son Traité du sublime.