Tout à coup le soleil dissipant le nuage, Éclaire avec horreur la scène du carnage ; Et son pâle rayon, sur la terre glissant, Découvre à nos regards de longs ruisseaux de sang, Des coursiers et des chars brisés dans la carrière, Des membres mutilés épars sur la poussière, Les débris confondus des armes et des corps, Et les drapeaux jetés sur des monceaux de morts. […] La conscience de notre petitesse à la vue de l’infini, nos chants s’étendant au loin sur les vagues, la nuit s’approchant avec ses embûches, la merveille de notre vaisseau au milieu de tant de merveilles, un équipage religieux saisi d’admiration et de crainte, un prêtre auguste en prières, Dieu penché sur l’abîme, d’une main retenant le soleil aux portes de l’occident, de l’autre élevant la lune dans l’Orient, et prêtant, à travers l’immensité, une oreille attentive à la voix de sa créature : voilà ce qu’on ne saurait peindre et ce que tout le cœur de l’homme suffit à peine pour sentir. » Passons à la scène terrestre. […] « La scène sur la terre n’était pas moins ravissante : le jour bleuâtre et velouté de la lune descendait dans les intervalles des arbres, et poussait des gerbes de lumière jusque dans l’épaisseur des plus profondes ténèbres. […] L’exposition consiste à expliquer le sujet ; c’est l’entrée en scène ; elle doit, dit Cicéron, sortir du sujet comme une fleur de sa tige. […] » Puis ils récitaient entre eux la première scène d’Andromaque.