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30. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Mais la fresque est pressante, et veut, sans complaisance, Qu’un peintre s’accommode à son impatience, La traite à sa manière, et d’un travail soudain Saisisse le moment qu’elle donne à sa main1, La sévère rigueur de ce moment qui passe Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce ; Avec elle il n’est point de retour à tenter, Et tout, au premier coup, se doit exécuter. […] De ces mains, dont les temps ne sont guère prodigues, Tu dois à l’univers les savantes fatigues ; C’est à ton ministère à les aller saisir Pour les mettre aux emplois que tu leur peux choisir ; Et, pour ta propre gloire, il ne faut point attendre Qu’elles viennent t’offrir ce que son choix doit prendre. […] Imaginez-vous l’application d’un enfant à élever un château de cartes, ou à se saisir d’un papillon ; c’est celle de Théodote pour une affaire de rien, et qui ne mérite pas qu’on s’en remue : il la traite sérieusement, et comme quelque chose qui est capital ; il agit, il s’empresse, il la fait réussir ; le voilà qui respire et qui se repose, et il a raison : elle lui a coûté beaucoup de peine. » (De la Cour.) […] Jamais encore on n’avait peint l’homme, dans cette sphère de la vie, avec une vérité si profonde ; jamais on n’avait saisi avec cette sagacité pénétrante les caractères, leurs traits saillants et leurs nuances variées ; jamais on n’était descendu aussi avant dans les obscurs replis où se cachent les ressorts des actions humaines.

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