L’Égypte, autrefois si sage, marche enivrée, étourdie et chancelante, parce que le Seigneur a répandu l’esprit de vertige dans ses conseils7 ; elle ne sait plus ce qu’elle fait, elle est perdue. […] Écoute, homme sage, homme prévoyant, qui étends si loin aux siècles futurs les précautions de ta prudence ; c’est Dieu même qui te va parler, et qui va confondre tes vaines pensées par la bouche de son prophète Ézéchiel : « Assur, dit ce saint prophète, s’est élevé comme un grand arbre, comme les cèdres du Liban : le ciel l’a nourri de sa rosée, la terre l’a engraissé de sa substance ; les puissances l’ont comblé de leurs bienfaits, et il suçait de son côté le sang du peuple. […] Misère et grandeur de l’homme 1 Les sages du monde, voyant l’homme, d’un côté si grand, de l’autre si méprisable, n’ont su ni que penser ni que dire d’une si étrange composition. […] Vous vous trompez, ô sages du siècle : l’homme n’est pas les délices de la nature, puisqu’elle l’outrage en tant de manières ; l’homme ne peut non plus être son rebut, puisqu’il a quelque chose en lui qui vaut mieux que la nature elle-même : je parle de la nature sensible. […] Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles, Qu’on croit avoir pour soi les vents et les étoiles, Il est bien malaisé de régler ses désirs : Le plus sage s’endort sur la foi des zéphyrs.