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48. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

« Quant au reste des auditeurs (et je parle ici des vrais citoyens), tous nous sont favorables ; et dans cette multitude nombreuse de Romains, dont les regards viennent de tous les points du Forum se fixer sur vous, et qui attendent avec tant d’impatience l’issue de cette affaire, il n’en est pas un qui n’applaudisse au courage de Milon, et qui ne pense que ce jour va décider de son sort, de celui de ses enfants, de celui, enfin, de la patrie elle-même. […] « J’ai tué ; oui, Romains, j’ai tué, non un Spurius Mélius, qui encourut le soupçon d’aspirer à la royauté, pour avoir, dans un moment de disette, sacrifié tout son bien à la classe indigente du peuple ; non un Tiberius Graccbus, dont le crime était d’avoir soulevé la multitude pour faire déposer un de ses collègues : et cependant les meurtriers de ces deux grands hommes ont rempli l’univers de la gloire de leur nom. […] Moi qui, dans ces temps déplorables, marqués par les attentats de Clodius, quand le sénat était dans l’abattement, la république dans l’oppression, les chevaliers romains sans pouvoir, tous les bons citoyens sans espérance, leur ai consacré tout ce que le tribunat me donnait de puissance, me serais-je attendu à être un jour abandonné par ceux que j’avais défendus » ? […] c’est par le secours de ces mêmes Romains, ô Milon, que tu as pu me rappeler dans Rome ; et ils ne pourront m’aider à t’y retenir !

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