Ne vois-tu pas du ciel ces petits animaux, Lesquels ne sont vestus que de petites peaux, Ces petits animaux qu’on appelle les hommes, Qu’ainsi que bulles d’eaux tu creves et consommes, Que les doctes Romains et les doctes Gregeois Nomment songe, fumee et fueillage des bois, Qui n’ont jamais icy la verité cognue Que, je ne sçay comment, ou par songe ou par nue ? […] Respire donc à l’aise, o liberté romaine ! […] Voylà, voylà la main Dont ore est affranchy tout le peuple romain ! […] Toutefois aujourd’huy cette orgueilleuse Rome, Sans bien, sans liberté, ploye au vouloir d’un homme : Son empire est à moy, sa vie est en mes mains ; Je commande, monarque, au monde et aux Romains ; Je fay tout, je peux tout, je lance ma parole, Comme un foudre bruyant, de l’un à l’autre pole : Egal à Jupiter, j’envoye le bonheur Et malheur où je veux, sur Fortune seigneur. […] Aussi m’est-il avis que je vois son genie, Tout couronné de tours et tout ceinct de rempars, Detestant à vos pieds l’injuste tyrannie Qui la donnoit en proye à la rage de Mars, Vous dire incessamment : O grand roy qui pardonnes, Dés que le ciel a mis là vengeance en tes mains, Il n’appartient qu’à toy de porter les couronnes Qu’on donnoit aux sauveurs des citoyens Romains.