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59. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

Ces faiblesses ne rendront son héros que plus intéressant, parce qu’elles le rapprocheront de nous ; parce qu’elles nous le représenteront sujet, comme nous, à la fragilité de la nature humaine. […] De même, s’il fait faire à son héros des actions ignobles et basses, sous prétexte que tous les hommes peuvent en faire de pareilles ; s’il représente un objet avec toutes ses imperfections, avec tous ses défauts, sous prétexte que cet objet existe réellement ; alors on s’écriera : Ce n’est point dans la belle nature ; ce n’est point là la belle nature. Ainsi le poète qui voudra, par exemple, mettre sous nos yeux un sauvage, nous le représentera non comme un homme civilisé ; ce ne serait point dans la nature ; mais comme un homme parfait d’entre les sauvages, avec leurs mœurs, leurs passions, leurs vertus : ce sera alors dans la nature et dans la belle nature.

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