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101. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Le Romain, voulant éprouver sa folie : « Tu me contrains, dit-il, m’amie397, et suis forcé de te découvrir une chose horrible et épouvantable : c’est que les prêtres nous ont rapporté que l’on a vu voler en l’air une alouette avec un armet398 doré et une pique, et pour ce399 nous sommes en peine de savoir si ce prodige est bon ou mauvais pour la chose publique, et en conférons avec les devins qui savent que400 signifie le vol des oiseaux : mais garde-toi bien de le dire. » Après qu’il lui eut dit cela, il s’en alla au palais401 : et sa femme incontinent402, tirant à part la première de ses chambrières qu’elle rencontre, commence à battre son estomac403 et arracher ses cheveux, criant : « Hélas ! […] Je ne veux pas rapporter tous les effets de l’imagination ; je rapporterais presque toutes les actions des hommes, qui ne branlent662 presque que par ses secousses. […] C’est un livre d’une rare frivolité et l’on se demande, après l’avoir lu, si toutes les aventures — réelles ou imaginaires — qui y sont rapportées méritaient bien qu’un écrivain prît là peine de nous les raconter. […] Ce qui découvre bien les mœurs de ces temps-là, c’est qu’ayant reconnu leur erreur, ils portèrent le corps du jeune Soltikoff à son père pour l’enterrer ; et le père malheureux, loin d’oser se plaindre, leur donna des récompenses pour lui avoir rapporté le corps sanglant de son fils.

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