Que l’on se transporte maintenant dans un temple, au pied des autels, sous les yeux de Dieu même, et en présence de tout un peuple ; que l’on se figure une lice ouverte où l’éloquence et le zèle divin, aux prises avec les passions, les vices, les faiblesses, les erreurs de l’humanité, les provoquent les unes après les autres, quelquefois toutes ensemble, les attaquent, les combattent, les terrassent avec les armes de la foi, du sentiment et de la raison. […] Il ne suffit pas, en effet, d’un zèle que rien n’intimide, d’une âme brûlante et consumée du désir vrai d’opérer le bien ; il faut que la raison dirige cet enthousiasme divin : et, ici plus qu’ailleurs, c’est la conviction qui doit amener la persuasion et le triomphe de l’orateur. […] Si, comme nous nous sommes efforcés de le démontrer déjà, l’orateur est rarement pathétique, rarement très éloquent, lorsque sa langue et son cœur ne sont point d’intelligence ; et si ce principe est rigoureusement vrai, par rapport aux genres d’éloquence que nous avons examinés, à combien plus forte raison ne doit-il pas l’être pour la prédication ?