C’est une physique bien fausse, mais qui ne l’est pas plus que toute la physique ancienne ; et d’ailleurs il a mis dans son poème tant de grandeur, de beauté poétique, de pensées ingénieuses, de vigueur d’expression et d’harmonie de style, que l’ouvrage est regardé avec raison comme admirable par ceux qui l’ont lu et bien compris. […] Les préceptes donnés sont d’ailleurs si excellents qu’on a nommé avec raison Boileau le Législateur du Parnasse ; et c’est ce qu’exprime Voltaire dans son Temple du goût, quand il dit : Là régnait Despréaux, leur maître en l’art d’écrire, Lui qu’arma la raison des traits de la satire, Qui, donnant le précepte et l’exemple à la fois, Établit d’Apollon les rigoureuses lois. […] On a blâmé avec raison, dans la Jérusalem délivrée, l’épisode d’Olinde et Sophronie, qui ouvre le poème, et qui tient si peu à l’action qu’il n’est plus du tout question de ces deux personnages dans toute la suite du poème. On a essayé une classification des épisodes128 que nous ne reproduisons pas ici, parce qu’elle n’a aucun intérêt et n’est pas même fondée en raison. […] On a dit avec quelque raison qu’il y a dans ce poème plus d’esprit que de génie, plus de coloris que d’invention, plus d’histoire que de poésie ; que les portraits, quoique très brillants, se ressemblent presque tous, l’auteur ayant toujours recours à l’antithèse ; que le sentiment y est étouffé par les descriptions ; enfin, que le plan est défectueux143.