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45. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

L’Apologue ou la Fable n’est donc autre chose qu’une action qu’on raconte, et du récit de laquelle résulte une instruction utile pour les mœurs, appelée moralité. […] C’est, dans les pensées, un degré de vérité si frappant, si sensible, si exquis, que nous serions presque persuadés que le fabuliste a vu lui-même, et croit voir encore l’action qui nous est racontée, et qu’il ne fait que rendre mot pour mot les discours qu’il a entendus. […] Lorsque le poète lui-même raconte, il peut prendre un ton plus élevé que celui sur lequel il fait parler ses bergers ; il peut employer un style plus fleuri, et répandre plus d’ornements, Mais il faut que ces ornements soient tirés des mœurs et des objets champêtres. […] Tant d’exemples fameux que l’histoire raconte, Ne suffisaient-ils pas sans la perte d’Oronte ? […] Il est vrai que dans l’épopée, on suppose aussi le poète inspiré : mais son inspiration est tranquille ; la Muse raconte et le poète écrit : au lieu que dans l’ode, son inspiration est prophétique ; il est tout rempli, possédé de la Muse ou du Dieu qui s’est emparé de ses sens.

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