Pyrrhus vient de déclarer à Andromaque qu’il l’aime avec passion ; que, si elle consent à lui donner sa main, il prendra sous sa protection le fils qu’elle a eu d’Hector, Astyanax, dont la mort est demandée par la Grèce. […] Non, je ne serai point complice de ses crimes : Qu’il nous prenne, s’il veut, pour dernières victimes. […] il m’en souvient : le jour que son courage Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas, Il demanda son fils et le prit dans ses bras : « Chère épouse, dit-il en essuyant mes larmes, J’ignore quel succès le sort garde à mes armes ; Je te laisse mon fils pour gage de ma foi : S’il me perd, je prétends qu’il me retrouve en toi. […] Et l’ingrate en fuyant me laisse pour salaire Tous les noms odieux que j’ai pris pour lui plaire ! […] Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance : Appliqué sans relâche au soin de me punir, Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir : Ta haine a pris plaisir à former ma misère ; J’étais né pour servir d’exemple à ta colère, Pour être du malheur un modèle accompli : Hé bien !