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146. (1845) Les auteurs latins expliqués... Horace. Art poétique pp. -72

que j’aime mieux ce poëte plein d’adresse qui, sans se battre les flancs, nous dit : « Muse, chantez ce héros qui, après la chute de Troie, parcourut tant de contrées, et observa les mœurs de tant de peuples divers. » Chez lui, ce n’est pas la fumée qui succède à la lumière : mais de la fumée il fait jaillir une flamme éclatante ; puis sa muse vamous prodiguer les récits merveilleux : Antiphate et Seylla, et Charybde et Polyphème. […] L’adolescent imberbe, qui est libre, enfin, et hors de tutelle, adore les chevaux, les chiens, le Champ-de-Mars : cire docile aux impressions du vice, il est rebelle à la censure ; il vit au jour le jour, il est dépensier, présomptueux, plein de désirs, capricieux et volage. […] C’est ainsi qu’à son art primitif le joueur de flûte ajouta la danse, le luxe des costumes, et cette robe traînante qu’il promena sur la scène ; c’est ainsi que la lyre sévère s’enrichit de cordes nouvelles : alors la poésie lyrique, plus hardie, prit un essor inconnu ; et, dans ses conseils pleins de sagesse, comme dans ses révélations prophétiques, le Chœur emprunta le mystérieux langage de la Pythonisse. […] 296Des paroles tristes 297conviennent à un visage chagrin ; 298 des paroles pleines de menaces, 299à un visage irrité ; 300des paroles enjouées, à un visage riant ; 301des choses sérieuses à dire, 302à un visage sévère. […] Voici la paraphrase pleine de justesse que Du Marsais a faite de ce passage : « Si vous osez mettre sur la scène un sujet nouveau, un caractère qui n’ait pas encore été traité, si quid inexpertum, etc., et que, pour peindre ce caractère, vous inventiez un personnage jusqu’alors inconnu au théâtre, personam novam : que ce personnage conserve toujours son caractère ; qu’il ne se démente point, et que, jusqu’à la fin de la pièce, il soit tel qu’il aura paru au commencement.

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