/ 238
45. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Je doute qu’un Carthaginois ou un Germain, peint d’après Tite-Live ou Tacite, fût ressemblant. […] Une méthode préférable, à mon gré, serait d’étudier, pour chaque nation, non pas seulement les écrivains qui ont prétendu la peindre ex professo, mais aussi celui qui, instinctivement, a le mieux personnifié en lui ses concitoyens, et dont les œuvres, comme un miroir, les reflètent le plus complétement ; de chercher, par exemple, parmi les écrivains grecs, romains, français, anglais celui qui est le plus réellement et le plus complétement anglais, français, romain ou grec. […] J’ai dit qu’Homère avait peint, dans l’Odyssée et l’Iliade, le père, le fils, l’épouse. […] Mais il y a presque toujours entre nous et nos prédécesseurs cette différence qui n’est pas à notre avantage : c’est qu’ils ne s’occupaient que des généralités, tandis que nous avons le tort de ne peindre d’ordinaire que les exceptions, exceptions le plus souvent monstrueuses, sans but moral, sans utilité pour l’exemple, sans profit pour la littérature.

/ 238