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96. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Pour introduire dans les langues cette espèce d’harmonie qui résulte du choix judicieux et de l’heureux arrangement des mots, il n’a fallu que consulter la nature et interroger l’oreille, que Cicéron appelle « un juge fier et dédaigneux ». […] Puis, qu’on les décompose, qu’on en change la structure, qu’on en modifie les termes, sans tenir compte de ce qu’ils peuvent avoir d’harmonieux, on verra, tout en conservant le même sens, si on retrouve les mêmes grâces pour l’esprit et l’oreille. […] L’oreille frémit, elle entend le craquement de leurs os. […] Il cherche en un mot à satisfaire l’oreille et l’esprit. […] Dans cette élision sanguineæ exsuperant, il y a, si je ne me trompe, une sorte d’effroi ou de frisson d’horreur ; cette élision est rude à l’oreille, elle est rude sous la langue ; c’est comme le grincement de la terreur.

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