Le sentiment que nous donne le bien accompli sous l’œil de Dieu renferme une certitude qui nous élève et nous console par-dessus tout, la certitude que notre vie est utile et qu’elle ne passe pas en vain dans le monde. […] Ses yeux, ses oreilles, ses lèvres, tous ses sens sont fermés. […] Ses yeux s’ouvriront sans qu’on y lise une pensée, et son cœur battra sans qu’on y sente une vertu. […] Lui, le prédestiné de l’infini, ne connaît encore que le sein de sa mère, son berceau, sa chambre, quelques images pendues aux murs, tout l’espace que l’œil embrasse d’une fenêtre : une heure est pour lui l’histoire ; une maison l’univers, une caresse la fin dernière des choses. […] Mais vous ne m’approuveriez pas, dans une occasion aussi grave, de me livrer au seul sentiment de l’amitié ; il s’agit d’intérêts qui, à vos yeux comme aux miens, sont au-dessus de tout et qui nous commandent à tous deux l’oubli de nous-mêmes.