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81. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie qu’on m’en dise. […] L’animal étonné, qu’un poids nouveau tourmente, Bat son poitrail en feu de sa bouche écumante, Élargit ses naseaux, et redouble, heurtés, Ses bonds tumultueux au vertige empruntés ; Son œil indépendant brille en topaze bleue ; En panache de guerre il agite sa queue ; Par ses hennissements il réclame, irrité, Loin des jeux du Djérid, l’air de la liberté ; S’allonge, s’accourcit, se penche, se dérobe ; Ses veines en réseau se gonflent sous sa robe ; Il cache sous ses crins, attristés de l’affront, L’étoile de sa race empreinte sur son front ; Saute comme un bélier, tourne comme un orage, Sans pouvoir loin de lui secouer l’esclavage. […] Le phébus ou galimatias pousse encore plus loin l’excès ; c’est une suite de phrases à peu près incompréhensibles et dépourvues de sens ; tel est ce passage de Balzac : « La gloire n’est pas tant une lumière étrangère qui vient de dehors aux actions héroïques, qu’une réflexion de la propre lumière des actions, et un éclat qui leur est renvoyé par les objets qui l’ont reçu. » Le néologisme est un défaut qui consiste à innover sans raison dans les langues, à employer des mots nouveaux, des tournures bizarres que le goût ou l’usage réprouve. […] Les langues varient sans cesse, avec l’esprit et le caractère des peuples ; de nouvelles idées, des besoins nouveaux amènent nécessairement des expressions nouvelles qui y correspondent ; certains mots vieillissent et tombent en désuétude, on les oublie ; d’autres prennent faveur : ainsi, dit Horace, les feuilles des forêts se renouvellent chaque année.

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