Lorsque les nobles efforts du clergé chrétien eurent déraciné les pratiques féroces et les superstitions apportées au nord de la Gaule par la nation conquérante, il resta dans les mœurs de cette race d’hommes un fond de rudesse sauvage qui se montrait en paix comme en guerre, soit dans les actions, soit dans les paroles. […] Le prologue dont elle est précédée, ouvrage de quelque clerc d’origine franque, montre à nu tout ce qu’il y avait de violent, de rude, d’informe, si l’on peut s’exprimer ainsi, dans l’esprit des hommes de cette nation qui s’étaient adonnés aux lettres. Les premières lignes de ce prologue semblent être la traduction littérale d’une ancienne chanson germanique : « La nation des Francs, illustre, ayant Dieu pour fondateur, forte sous les armes, ferme dans les traités de paix, profonde en conseil, noble et saine de corps, d’une blancheur et d’une beauté singulières, hardie, agile et rude au combat, depuis peu convertie à la foi catholique, libre d’hérésie, lorsqu’elle était encore sous une croyance barbare, avec l’inspiration de Dieu, recherchant la ciel de la science selon la nature de ses qualités, désirant la justice, gardant la piété, la loi salique fut dictée par les chefs de cette nation, qui en ce temps commandaient chez elle. » Augustin Thierry. […] Il suivait en tout les véritables intérêts de sa nation, dont il était autant le père que le roi. […] Cette révolution n’a pas seulement modifié le pouvoir politique, elle a changé toute l’existence intérieure de la nation.