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82. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

La base sur laquelle tous deux s’appuient, n’est autre chose que l’expérience qui nous apprend à connaître ce qui plaît le plus généralement ; voilà pourquoi nous préférons le style simple et naturel à un style bizarre ou affecté ; une histoire régulière et bien suivie à des narrations obscures ou décousues ; un dénouement touchant et pathétique à celui qui ne peut émouvoir. […] Chez les poètes des siècles policés, on trouve plus de grâces et de correction dans le style, une proportion plus exacte dans les parties, une narration plus savamment conduite ; c’est au milieu de scènes riantes et de sujets agréables que l’on emploie avec le plus de succès les ornements brillants et le style enjoué ; mais les grandes catastrophes d’une nature sauvage ou d’un peuple barbare, les rochers, les torrents, les vents en fureur, les combats, inspirent le sublime qui s’allie naturellement avec le ton grave et solennel de l’auteur de Fingal : « Tels de noirs orages s’élancent de deux montagnes retentissantes ; ainsi s’avancent les deux héros. […] Car, dans un poème épique, dans une haute narration, dans un discours, dans quelque ouvrage de génie que ce soit, nous cherchons toujours la convenance des moyens entre eux, et leurs rapports avec le but que nous soupçonnons l’auteur d’avoir voulu atteindre.

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