C’est ainsi que Virgile a pris dans le poème des Argonautes, d’Apollonius de Rhodes, l’idée de l’épisode de Didon, même avec assez de détails ; c’est ainsi que Corneille a imité Sénèque dans la scène d’Auguste avec Cinna ; que Voltaire, dans la Mort de César, a embelli Shakespeare, etc. […] C’est aussi par les circonstances que Virgile raconte la mort de César, l’histoire de Polyphême et des Cyclopes, l’épisode de Laocoon et la rencontre d’Andromaque ; que Fléchier décrit la mort de Turenne ; que Racine embellit le récit du songe d’Athalie, et fait raconter à Mithridate sa défaite par Pompée. […] On trouve de magnifiques amplifications par les causes et les effets dans la description de la mort d’Euryale, par Virgile, et dans la peinture de la peste des animaux, par La Fontaine ; et par les effets seulement, dans l’Oraison funèbre de Turenne, lorsque Fléchier rappelle les suites de la bonne fortune sur un général vainqueur ; dans celle de la reine d’Angleterre, lorsque Bossuet décrit les effets de la persécution protestante ; dans l’Enfant prodigue, de Massillon, lorsque celui-ci énumère les suites funestes de la volupté ; dans le premier acte d’Athalie, quand Joad expose les effets de la puissance de Dieu, et dans les Pensées de M. de Bonald, lorsque cet illustre philosophe fait justice en ces termes d’une des maximes de la Révolution : La liberté, l’égalité, la fraternité ou la mort ont eu dans la Révolution une grande vogue. La liberté a abouti à couvrir la France de prisons ; l’égalité, à multiplier les titres et les décorations ; la fraternité, à nous diviser ; la mort seule a réussi.