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146. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Leur langue, mâle et énergique, manque de souplesse et d’harmonie : les durs laboureurs du Latium ont le parler ferme et bref des futurs conquérants du monde : brevitas imperatoria. […] Si j’ai réussi à vous tracer nettement le caractère de ces hommes (et notez bien que je ne vous parle pas encore des Romains civilisés par la Grèce, mais des vrais fils de la louve, des purs Latins, de ceux qui préparèrent la conquête du monde par celle de l’Italie), si, dis-je, je vous les ai représentés dans leur primitive rudesse, vous n’aurez pas de peine à comprendre que pour émouvoir ces paysans et ces soldats, il fallait de violentes secousses, et que la parole ne pouvait arriver à leurs âmes qu’en remuant leurs sens et en leur donnant, pour ainsi dire, le frisson de la chair. […] Cicéron, né au sein d’une république qui a pris pour tâche d’administrer le monde après l’avoir soumis, devra embrasser dans son intelligence tout ce qu’embrasse le peuple romain dans sa domination. […] cela n’a d’autre métier, d’autre occupation dans ce monde que de passer la nuit à table.

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