Mais il faut observer que cette chaleur même doit être subordonnée à la raison, et que celui qui s’y livrerait inconsidérément pourrait bien étonner un moment, mais ne persuaderait personne, parce qu’il faut que l’esprit soit convaincu, pour que le cœur se laisse persuader ; et que la règle générale est que : L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas, (Boileau). […] Mais c’est là que les règles se taisent, que les conseils sont inutiles ou insuffisants, et que l’orateur ne doit écouter que son génie, et ne suivre que l’impression du moment. […] Du moment que l’on s’aperçoit que tous les cœurs sont émus, gardons-nous d’insister sur les plaintes ; ne laissons pas à l’auditeur le temps de se refroidir, et ne nous flattons pas surtout que personne pleure longtemps des infortunes qui lui sont étrangères.