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136. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Sous l’illusion légère du costume espagnol, aucun livre n’est plus français que Gil Blas : français par la vie sociale dont il est le tableau, par la marche rapide de la narration, par l’ironie légère qui y circule, par la grâce aisée d’un style naturel et aimable. […] Le roi conduisait la marche, porté sur un brancard à la tête de son infanterie. […] Cependant il assemble quelques troupes, il marche sur la frontière de la Picardie, il revoie à Paris, écrit de sa main aux parlements, aux communautés « pour obtenir de quoi nourrir ceux qui défendaient l’État. » Ce sont ses propres paroles. […] J’ai vu des enfants élevés de cette manière, qui voulaient qu’on renversât la maison d’un coup d’épaule ; qu’on leur donnât le coq qu’ils voyaient sur un clocher ; qu’on arrêtât un régiment en marche pour entendre les tambours plus longtemps, et qui perçaient l’air de leurs cris, sans vouloir écouter personne, aussitôt qu’on tardait à leur obéir. […] Mais, si la rigide construction de la phrase gêne la marche du musicien, l’imagination du poète est encore arrêtée par le génie circonspect de la langue.

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