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88. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Le plus moral de tous nos romanciers, c’est Richardson, l’auteur de Clarisse, écrivain animé des meilleures intentions, doué de beaucoup d’esprit, mais qui, par malheur, eut le talent de donner une étendue prodigieuse à des ouvrages de pur agrément. […] Les actions des dieux et des héros, les exploits des guerriers, les succès ou les malheurs de leurs concitoyens ou de leurs amis, furent les premiers sujets que chantèrent les bardes de toutes les contrées. […] Cette discussion fut la source de grands malheurs, jusqu’au moment où le prince offensé, témoin de ce que souffrait l’armée, oublia ses ressentiments et se réconcilia avec le chef suprême ; la défaite complète des ennemis fut le fruit de cette réunion. […] Les malheurs s’accumulent à mesure que le poème avance ; tout contribue à rendre Achille plus grand, et à en former la figure principale, suivant l’intention du poète. […] Un tel plan n’est pas fait pour nous disposer en faveur du héros du poème, et l’auteur en pouvait aisément corriger le vice ; il fallait supposer qu’Énée, au lieu de faire le malheur de Lavinie, la délivrait des persécutions d’un rival également odieux à cette princesse et à son pays.

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