« Malheur à ceux que ce poids-ci regarde,     Cria notre homme, et que le ciel m’en garde ! […] On ne fut plus ni fat ni sot impunément, Et malheur à tout nom qui, propre à la censure, Put entrer dans un vers sans rompre la mesure ! […] Gilbert, né en 1751 et mort à l’Hôtel-Dieu dans un accès de fièvre cérébrale, à vingt-neuf ans, est notre Juvénal ; son âme était aigrie par le malheur. […] Ce petit poème, en effet, qu’on avait inventé pour déplorer les malheurs et se plaindre des rigueurs du sort, était, dans son origine, uniquement destiné aux larmes, aux gémissements, et à l’expression de la douleur ; mais bientôt on y fit entrer des sentiments de tendresse et même de joie. […] L’âme du poète doit être toute remplie de son objet, toute pénétrée des malheurs qu’il s’agit de déplorer.