Un peintre habile sait ménager dans un tableau l’ombre et la lumière, et tirer du clair-obscur de merveilleux effets : l’art de l’écrivain est le même ; l’opposition des tons et des couleurs, donne à l’ensemble du mouvement, de la variété, et fait ressortir les parties essentielles. […] Ici tombe un héros moissonné dans sa fleur, Superbe et l’œil brillant d’orgueil et de valeur ; Sur son casque ondulant, d’où jaillit la lumière, Flotte d’un noir coursier l’ondoyante crinière : Ce casque éblouissant sert de but au trépas ; Par la foudre frappé d’un coup qu’il ne sent pas, Comme un faisceau d’acier il tombe sur l’arène ; Son coursier bondissant, qui sent flotter la rêne, Lance un regard oblique à son maître expirant, Revient, penche sa tête et le flaire en pleurant. […] « La scène sur la terre n’était pas moins ravissante : le jour bleuâtre et velouté de la lune descendait dans les intervalles des arbres, et poussait des gerbes de lumière jusque dans l’épaisseur des plus profondes ténèbres. […] Dans une savane, de l’autre côté de la rivière, la clarté de la lune dormait sans mouvement sur les gazons ; des bouleaux agités par les brises, et dispersés çà et là, formaient des îles d’ombres flottantes sur cette mer immobile de lumière. […] Nous voulons que les objets viennent se mettre sous nos yeux ; nous voulons un vrai qui nous saisisse d’abord, et qui remplisse notre âme de lumière et de chaleur.