Tel est notre destin, telles en sont les lois ; Tout homme pour lui-même est une vive1 croix, Pesante d’autant plus que plus lui-même il s’aime2 ; Et comme il n’est en soi que misère et qu’ennui, En quelque lieu qu’il aille, il se porte lui-même, Et rencontre la croix qu’il y porte avec lui. […] Grenade et l’Aragon tremblent quand ce fer brille ; Mon nom sert de rempart à toute la Castille : Sans moi, vous passeriez bientôt sous d’autres lois, Et vous auriez bientôt vos ennemis pour rois. […] — Les lois de Dieu mon Père, Où de ses Testaments est compris le mystère. […] Dans Géronte, comme dans don Diègue et dans le vieil Horace, l’amour paternel se montre mêlé de tendresse et de fermeté, de force et de faiblesse, tel qu’il est enfin ; mais, dans ce mélange, Corneille a toujours soin de soumettre le sentiment fort au sentiment faible, la tendresse au devoir, et la loi morale reste supérieure à l’homme, dont elle contient le cœur sans l’étouffer. […] Vous aussi, magistrats, c’est lui qui tant de fois Entoura de respect l’autorité des lois : Venez, généreux fils, en qui l’affront d’un père Ferait encor du Cîd bouillonner la colère ; Pour les lui présenter, Rodrigue attend vos dons : Vous qui, les yeux en pleurs à ses nobles leçons, Sentez de pardonner la magnanime envie, Rois, à lui rendre hommage Auguste vous convie ; Et vous, guerriers, et vous, qui trouvez des appas Dans ce bruit glorieux que laisse un beau trépas.