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168. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Mme de Sévigné écrivait à M. de Coulanges : « Il faut que je vous conte une historiette qui vous divertira : le roi se mêle depuis peu de faire des vers ; ayant fait un madrigal que lui-même ne trouvait pas joli, un matin il dit au maréchal de Grammont : « Monsieur le maréchal, lisez je vous prie ce madrigal, et voyez si vous en avez jamais vu un aussi mauvais : parce qu'on sait que j'aime les vers, on m'en apporte de toutes les façons. » Le maréchal, après avoir lu le madrigal, dit au roi : « Votre Majesté juge bien de toutes choses, et ce madrigal est bien certainement le plus sot que j'aie jamais lu. » Le style tempéré est celui de l'histoire, celui du roman, de certains dialogues, de la fable, de l'églogue, de l'idylle, etc. ; il convient aux pensées agréables, et, ordinairement, aux pensées délicates et aux pensées nouvelles. […] Un littérateur de l'ancienne école, Hoffmann, a dit : « Si vous lisez une pièce de théâtre, des poésies ou un roman où se trouvent des mots barbares, des vers durs et sans hémistiche, à côté de quelques phrases bien construites ; des expressions triviales, des termes impropres, à côté de termes qui conviennent à la pensée ; des expressions basses, à côté de mots gigantesques, cette pièce appartient à la nouvelle littérature, et telle est celle de Victor Hugo qui a pour titre Hernani. […] Vous me demandez quels sont les livres que vous devez lire : il ne vous faut point d'autre conseil que votre goût. Je vous invite pourtant à ne lire que les ouvrages qui sont en possession des suffrages du public, et dont la réputation n'est point équivoque.

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