« Vous verrez, dans une seule vie, toutes les extrémités des choses humaines ; la félicité sans bornes, aussi bien que les misères ; une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’univers ; tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur, accumulé sur une tête, qui, ensuite, est exposée à tous les outrages de la fortune ; la bonne cause d’abord suivie de bons succès, et depuis, des retours soudains ; des changements inouïs, la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse ; nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus ; l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté ; une reine fugitive, qui ne trouve aucune retraite en trois royaumes, et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil ; neuf voyages sur mer, entrepris par une princesse, malgré les tempêtes ; l’océan étonné de se voir traversé tant de fois, en des appareils si divers et pour des causes si différentes ; un trône indignement renversé, et miraculeusement rétabli. […] Liberté d’imiter. […] Après cette description vive et touchante, l’orateur invoquant les lois, qui défendaient de condamner au supplice des verges ou de la mort un citoyen de Rome, sans l’ordre du peuple romain, s’écrie pour faire sentir toute l’injustice de cet indigne traitement : « Ô doux nom de la liberté, ô admirable prérogative de notre ville ! […] Oui, pères conscrits, c’est la première croix, la seule croix qui, depuis la fondation de Messine, ait été élevée en cet endroit ; et ce lieu a été choisi, afin que le malheureux Gavius comprît, en mourant, qu’un bras de mer très étroit formait la séparation de l’esclavage et de la liberté, et afin que l’Italie vît un de ses enfants mourir victime de tous les excès du pouvoir tyrannique ». […] Contre la liberté des mers et la fidélité du commerce, des armateurs français leur avaient enlevé, et leurs richesses, et le vaisseau qui les portait.